samedi 16 avril 2011

Minuit dans une vie parfaite - Michael Collins


J’attendais beaucoup de ce nouveau roman de Michael Collins, à qui l’on doit notamment la formidable Vie secrète de E. Robert Pendleton. Malheureusement la déception fut à la hauteur de l’attente…

Karl, la quarantaine, tente désespérément d’écrire un troisième roman, L’Opus, une œuvre qu’il veut bien évidemment grandiose. En attendant, il vit de petites piges – entre autres pour un portail porno –, d’un travail ponctuel comme « nègre » pour le célèbre auteur de polars Penny Fennimore, et surtout du salaire de sa femme, Lori. Et de ses économies.
Mariés sur le tard, ils forment après quelques années un couple désunis, en mal de communication. Âgée de 37 ans, Lori ne parvient pas à tomber enceinte et veut pourtant désespérément être mère. Elle entraîne donc son époux dans les méandres de la procréation assistée.

Karl, complètement dépassé par ce projet, qu’il a accepté plus pour avoir la paix que par réelle envie, essaie un moment de s’inspirer de cette expérience pour écrire une « non-fiction ». Mais, contacté par Fennimore pour reprendre leur collaboration, il change son fusil d’épaule, décide d’inclure tout cela dans un roman policier, emménage dans un petit appartement glauque, puis se lance dans des interviews et observations variées pour créer la trame de ce nouveau livre.
On le suit dans ses hésitations, ses multiples espoirs d’inspiration, ses rares articles catastrophiques et sa brouille avec Lori. Car le siphonage de leurs économies, l’état de tension de la jeune femme, les pressions de sa sœur totalement hystérique ont fait éclater le couple, au moins pour un temps.

Minuit dans une vie parfaite part à proprement parler dans tous les sens et l’on se perd dans ce récit chaotique et éclaté – à l’image de la vie et de l’état de Karl, certes.
Michael Collins ouvre d’innombrables pistes qui auraient pu être intéressantes (la procréation assistée, l’activisme politique aux États-Unis, la communauté russe, le porno, les problèmes de couple, la difficulté de rester écrivain, les traumatismes de chacun, etc.) mais n’en explore aucune et offre un roman assez creux, aux personnages terriblement caricaturaux.
Quelques jolis moments d’écriture et une savante manière de dévoiler par touches des pans de l’histoire de ses personnages ont parfois ravivé mon intérêt.
Mais la lecture fut poussive, et au final sans intérêt. J’ai même eu l’impression d’un fond de tiroir ressorti pour l’occasion (impression accentuée par le fait que le roman se déroule en 1999).
Dommage…


Minuit dans une vie parfaite, Michael Collins (Christian Bourgois, 336 pages, 2011)
Traduit de l'anglais par Isabelle Chapman


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