mercredi 7 septembre 2011

Les Lieux sombres - Gillian Flynn


Comme chaque été, j’ai glissé dans mon sac quelques polars dont je n’étais pas sûre de la qualité mais au succès public certain. Parmi eux, Les Lieux sombres, à la quatrième prometteuse.

Seule rescapée du meurtre de sa mère et de ses sœurs, alors âgée de 7 ans, Libby Day a accusé son grand frère Ben. L’adolescent de 15 ans, un peu rebelle, un peu drogué, et surtout très paumé, a été condamné sur la seule foi du témoignage de la petite fille, entre-temps devenue pour toute l’Amérique le symbole de la folie des hommes.
Vingt-cinq après, Libby est une jeune femme antipathique : revêche, vindicative, intéressée, asociale. Son histoire est terrible, mais son aigreur et son cynisme le sont tout autant. Passant son adolescence de maison en maison, elle a su se rendre chaque fois plus odieuse, même aux membres de sa famille, et se retrouve immensément seule.
Elle vit depuis son enfance des donations pour la « pauvre petite » – nombreuses les premières années mais se raréfiant à mesure qu’elle grandit et que d’autres tueries viennent faire oublier celle de sa famille. Elle est parfois revenue à la une, lors des tristes anniversaires ou, ironie des choses, avec un livre expliquant comment se reconstruire !
À 32 ans, elle est totalement fauchée, sans famille, sans travail et bien sûr sans amis.

Contactée par Lyle Wirth, président du Kill Club, un groupe de passionnés de faits-divers entendant mener leur petite enquête, Libby est d'abord tentée de refuser mais la promesse d’une belle rémunération la convainc. Après quelques apparitions et autres ventes de souvenirs macabres (une page du journal de sa grande sœur, etc.), elle accepte même de rendre visite à Ben en prison. Ben, qu’elle n’a jamais revu, s’est « pacifié » derrière les barreaux, a fait des études et clame son innocence depuis deux décennies.
Les retrouvailles sont évidemment perturbantes et Libby va commencer à envisager qu'il existe des zones d’ombre. Dès lors, accompagnée de Lyle, elle entreprend de fouiller Les Lieux sombres : les vieux cartons, le mobile-home de sa tante, l’ancienne ferme familiale…
Avec Libby, on reconstitue la vie de sa famille il y a vingt-cinq ans, on découvre des éléments troublants, on doute, on s’interroge, on est persuadé d’une thèse puis de l’autre… Et au final, bien entendu, on apprendra la surprenante vérité. Un peu trop grand-guignolesque à mon goût mais qui parvient à rassembler toutes les pièces du puzzle.

Pas un chef-d’œuvre, donc, mais un bon polar : un style vif et parfois incisif, une intrigue bien construite, des personnages complexes et nuancés. On regrettera juste ce dénouement « spectaculaire ».


Les Lieux sombres, Gillian Flynn (Sonatine, 480 pages, 2010 / Livre de Poche, 512 pages, 2011)
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Héloïse Esquié


2 commentaires:

  1. Bonsoir Lily,
    Je viens de terminer cette lecture et rejoins tout à fait votre avis ! Malgré les incohérences et les coups de théâtre (surtout la fin effectivement, complètement "rapportée"), il y a des moments de tension et un courant électrique qui font aller jusqu'au bout sans hésiter et même avec impatience.Je vais faire une note dans quelques jours, mais cela être difficile d'être aussi juste que vous !
    A bientôt,
    Athalie

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  2. Connaissant le ton de ton blog, j'ai hâte de lire ton billet !

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